vendredi 29 novembre 2013

Connaissez-vous bien le Faubourg des Sars ?

      C’est probablement le plus ancien des Faubourgs de MAUBEUGE. Situé au Nord de MAUBEUGE. Il prend naissance route de Mons pour se prolonger jusqu’au Grand-Bois. Il côtoie vers le Sud le nouveau quartier de l’Epinette, extension de ce quartier qui vit le jour dans la fin des années 50.
Rue des Sars
       Son épine dorsale, la « Rue des Sars », prend naturellement son point de départ   Nationale 2 route de Mons entre les numéros 99 et 101. Elle traverse une agglomération où, de nos jours, existent encore quelques vieilles demeures dont l’origine est peut-être plusieurs fois centenaire. Une fois dépassée la rue de la Chapelle, rue qui porte le non d’une Chapelle dont nous reparlerons plus amplement dans cet exposé, ensuite laissant sur la gauche le Boulevard de la Fontaine, le paysage change complètement laissant place à de grands espaces herbagés régis par deux fermes dont la Ferme des Sars ou « de Petit Sars » surnommée « Ferme de Rosette » suite à l’attribution de résidence de la Géante des Sars : « Rosette » par le Président des Amis de MAUBEUGE dans les années 30 : Henri BOËZ.
La Géante « Rosette de Petit Sars » étant considérée dans la comédie de Henri BOËZ « La très véridique histoire de Rosette de Petit Sars » comme la fille hypothétique du Seigneur BRUNEAU Grand Bailly du Chapitre de Sainte Aldegonde au 17ème siècle.
Enfin, croisant la cité de Rosette puis, après un petit raidillon bordé de quelques maisons  récentes, elle se termine perpendiculairement avec la rue du Grand-Bois.

- Rue des Sars, quelle est l’étymologie de ce mot Sars ?


       Sars vient de « essart » qui désigne un défrichement de terrain définitif ou temporaire par simple abattage d’arbres ou d’éclaircissement de forets. Il est donc vraisemblable que, avant ce défrichement, le Grand Bois occupait une vaste partie des terrains qu’occupent actuellement ce Faubourg.


- La première école des Faubourgs Nord de MAUBEUGE.

Elle se trouvait rue de la Chasse, lieu dit « El Cache », actuellement Boulevard Jean de la Fontaine. C’était une école pour les garçons à deux cours. Au 19ème siècle, Monsieur Arnoux était l’instituteur. Il était né en 1810 et vécu 100 ans. Il avait une grande barbe devenue  toute blanche à la fin de sa vie. A la retraite de Monsieur Arnoux, l’école primaire devint une école maternelle et les enfants des Faubourgs durent aller en primaire à MAUBEUGE.
         Pour information : l’école des filles se situait au 134 route de Mons.


-  Le Faubourg des Sars des années 50.


       Dans le début des années 50, on pouvait dénombrer encore 7 fermes.
A l’entrée de la rue des Sars, la ferme PAMAR puis à droite de la rue, après le numéro 60, une impasse (actuellement rue Jean BART) amenait à la ferme BERSILLON. A la hauteur de la rue de la Chapelle, la ferme DELMOTTE et en bout du chemin, la ferme HAUSSY.
Les Amis de MAUBEUGE
Vers le Nord en direction du Grand-Bois, sur la gauche, la rue de la Chasse (actuellement Boulevard Jean de la Fontaine) menait à la ferme PIETTE dont les bâtiments existent toujours, puis Nord-est un chemin menait à la ferme LIXON toujours en activité avec d’autres occupants. Reprenant rue des Sars vers le Nord-ouest, nous arrivons à la ferme des Sars, premier lieu de vie de ce quartier. Enfin nous arrivons à la rue du Grand-Bois où se trouvait la ferme Jean FORET.

-  1596, la naissance d’un lieu de vie.


C’est le 29 Avril 1596 que fut établie la ferme des Sars, plus exactement de « Petit Sars » sur une terre attribuée par le Chapitre Sainte Aldegonde à Michel BRUNEAU marié à Marie ALAUWR. Le chapitre de Sainte Aldegonde lui avait concédé cette seigneurie avec la haute, moyenne et basse justice à tenir du dit chapitre comme fief simple. 
Pourquoi une demeure en ce lieu ? Probablement une situation géographique bien centrée au milieu de ses terres et le passage du ruisseau « la Pisselotte » permettant la création d’un étang protecteur pour environner la ferme château ; toutes les hypothèses sont permises.
Ce point de vie fut indéniablement le départ du développement du Faubourg des Sars. Un recensement des habitations de 1666 donnait pour le centre ville de MAUBEUGE 496 habitations. Pour le Faubourg des Sars 3 habitations y compris la Seigneurie de Michel BRUNEAU alors que l’on ne dénombrait qu’une seule maison au Pont-Allant. Par la suite, ce fut le premier des Faubourgs Nord de MAUBEUGE à avoir une école.
          Michel BRUNEAU était fermier mais probablement que ses origines bourgeoises et son excellente éducation lui permirent d’accéder à la fonction d’administrateur des biens du Chapitre Sainte Aldegonde. Grand Bailly du Chapitre de Sainte Aldegonde, il était le représentant de l'autorité du Chapitre dans le bailliage, chargé de faire appliquer la justice et de contrôler l'administration en son nom. L’office du Bally pouvait être noble et d'épée ce qui explique également son titre de « Seigneur de Petit Sars ».La ferme château qui était protégée par un entourage d’eau, engendrait probablement beaucoup d’humidité dans le bâtiment et peut-être même que par grande pluie la Pisselotte sortait de son lit, inondant les prairies avoisinantes. Les époux BRUNEAU éprouvèrent le besoin de changer de lieu de résidence et de conformer leur nouvelle demeure, à leur train de vie de « Seigneur de Petit Sars ». Ils firent construire un château dans un lieu plus sain, proche du point culminant du Faubourg des Sars.
Emplacement théorique du château

       Ils construisirent une résidence au fond d’un grand rectangle dont l’ancienne chapelle au bout d’une allée formait le front rue des Sars. (Cette chapelle dédiée à Notre Dame de Miséricorde fera l’objet d’un chapitre spécialement consacré à sa longue histoire).
Malheureusement à ce jour, nous n’avons aucune information sur la date de sa construction. Seul indice, à l’emplacement de ses fondations, l’herbe de la prairie jaunie par temps très sec donnant, vue d’avion, une vague idée de l’ampleur du château.


-      1789 : La Révolution Française.


         A la Révolution, il est probable que le château fut incendié et que la chapelle en front de rue fut pratiquement détruite mais il semble que certains objets furent mis à l’abri par quelques mains pieuses et retrouvèrent leur place à la reconstruction de la chapelle en 1876.
Après les événements de 1789, les biens des émigrés furent rendus à leurs propriétaires mais aucun des descendants de la famille BRUNEAU ne donna signe de vie si toutefois à cette époque, il y avait encore des descendants de la famille BRUNEAU, Seigneur de Petit Sars.
Le seul vestige conservé de cette Seigneurie étant la chapelle en ruine. Suivant une décision de l’Assemblée Nationale de 1790, les ruines de la chapelle devinrent la propriété de la Ville de MAUBEUGE. Elle resta sa propriété jusque sa démolition en 1970 et fut ensuite remplacée par une chapelle de style moderne construite place Albert PAUVROS demeurant toujours un bien de la Ville de MAUBEUGE.

-      L’Arbre généalogique de la famille de Michel et Marie BRUNEAU.
  

A ma connaissance, il n’existe rien à ce sujet dans les archives françaises. Ce descriptif de l’arbre généalogique de la Famille BRUNEAU provient des archives des registres paroissiaux de Mons (Belgique).
Protocole du notaire de LENS de Mons et Greffe de Mons, criées de 1707 à 1710.

Arbre généalogique

Michel BRUNEAU Seigneur de Petit Sars, Bailli du Chapitre Ste. Aldegonde
Marie ALAUWE (son épouse fille d’un Bourgeois de Mons peut-être Pierre ALAUWE)
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Louis BRUNEAU Seigneur de Petit Sars, Bailli et Receveur Général du Chapitre Ste. Aldegonde. Il épouse à Mons le 12 février 1623 Marie de BOUSSU née à Mons le 3 janvier 1600 (fille d’Adrien BOUSSU et de Catherine BOCQUET)
Il se remarie après la mort de sa femme avec Marie du MONT, veuve de Charles de BOUSSU, son beau-frère. Louis BRUNEAU décède le 19 septembre 1637.
Louis BRUNEAU et son épouse Marie de BOUSSU sont enterrés à l’église de Casteau-les-Thieusies, dans la chapelle sépulcrale de la famille DONNAY-BRUNEAU. Sur leur tombe on peut encore voir de nos jours leurs armoiries : D’or à la tête de taureau de sable, accorné, languée et bouclé de gueule.
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Adrien-Ignace BRUNEAU Seigneur de Petit Sars
Isabeau BUISSERET (morte le 23 janvier 1709)
(Fille de Georges BUSSERET échevin de Mons et Seigneur du Moran
et d’Antoinette DURANT)
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Ils eurent 3 enfants :
Philippe-François BRUNEAU Seigneur de Petit Sars et acquéreur de Marchiennes en Harvengt. Il demeurait à Mons. (Célibataire, mort le 4 juin 1727 à Mons)
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      Catherine BRUNEAU Seigneur de Petit Sars (célibataire, morte en 1709)
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Adrien-Philippe BRUNEAU (l’aîné des 3 enfants) Seigneur de la Roquette.
Epouse Marie-Marguerite ANZEAU le 31 mars 1681
(Fille de Philippe-Antoine ANZEAU et de Jacqueline BOURGEOIS)
Elle est enterrée à Mons en l’église de Sainte Waudru le 12 août 1727.
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Ils eurent 5 enfants :

Marie- Joseph BRUNEAU. Elle rentra dans les ordres Ursulines.
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François-Joseph-Adrien BRUNEAU
Epouse Marie-Antoine-Joseph HANNIER le 6 janvier 1719 à Sainte Waudru.
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Henri-Louis-Joseph BRUNEAU Seigneur de La Haye, de Petit Sars le 2 janvier 1732, de Marchiennes le 9 septembre 1735 et demeurant à Mons le 30 septembre 1744.
Epouse Marie-Claire de MALENGREAU le 6 octobre 1727 à Sainte Waudru à Mons.
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Joseph-Ignace BRUNEAU Seigneur de la Roquette.
Dame Jeanne-Arnoldine TAHON première épouse de Joseph-Ignace BRUNEAU, décède le 12 décembre 1729 et est enterrée le même jour en l’église de Sainte Waudru.
Marie-Claire HANOT sa deuxième épouse le 7 mars 1734 à Sainte Waudru à Mons. Elle décède le 19 novembre 1735 et est enterrée le même jour à Sainte Waudru.
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Philippe-Joseph BRUNEAU
Epouse Marie-Thérèse de la HAMAIDE le 16 octobre 1730 en l’église de Sainte Waudru.

Après le décès de Philippe-François BRUNEAU le 4 juin à Mons, c’est son neveu Henri-Louis-Joseph BRUNEAU, Seigneur de Marchiennes et de La Haye qui devient, en lui succédant, Seigneur de Petit Sars en 1732.
Henri-Louis-Joseph avait épousé le 6 octobre 1727, en l’église de Sainte Waudru, Marie-Thérèse-Claire de MALEINGTREAU. La famille héritière gardera la propriété de la Seigneurie de Marchiennes jusqu’au 7 août 1781.
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Henri-Louis-Joseph BRUNEAU, né à Mons, était le fils d’Adrien-Philippe BRUNEAU. Il mourut à Harvengt le 4 septembre 1761 à l’âge d’environ 66 ans. Il fut inhumé en l’église de Sainte Waudru. Ce fut a ma connaissance le dernier Seigneur de Petit Sars.

La veuve Marie-Thérèse-Claire de MALEINGTREAU mourut à Mons le 24 janvier 1781 sans avoir eu d’enfant. Les héritiers de Marie-Thérèse-Claire de MALEINGTREAU vendirent la Seigneurie de Marchiennes le 18 mai 1781. Il n’est rien stipulé au sujet de la Seigneurie de Petit Sars mais la révolution française, toute proche, mit fin à cette Seigneurie.

   -      Rosette de Petit Sars.


Fête des Roses. La Géante Rosette de Petit Sars
En parcourant l’arbre généalogique de Michel BRUNEAU, il est facile de constater l’absence du prénom de Rosette ou de Rose dans les descendants de la famille BRUNEAU.
Il est donc démontré que Rosette de Petit Sars est bien la fille hypothétique de Michel BRUNEAU. Ce prénom de Rosette, attribué par Henri BOËZ (Président des Amis de MAUBEUGE) à la création de la géante avait été choisi pour d’une part devenir la « Reine de la Fête des Roses » et d’autre part respecter les traditions populaires en affectant cette géante comme représentante des racines ancestrales locales : la Seigneurie de Petit Sars avec son seigneur Michel BRUNEAU.
Rosette de Petit Sars est donc un élément du « patrimoine vivant » sans cependant être réellement rattachée à cette noble famille.
Avant la guerre de 1940, lors de ses sorties au Faubourg des Sars, installée sur une plateforme tractée par une automobile, elle s’arrêtait quelques instants devant la Ferme des Sars en signe de reconnaissance à ses hypothétiques ancêtres.
Dans la Comédie d’Henri BOËZ : « La très véridique histoire de Damoiselle Rosette de Petit Sars » contrairement a ce que l’on aurait pu croire, la pièce se déroule au château de Michel BRUNEAU rue de la Chapelle.
Pour plus d’informations sur « Les Amis de MAUBEUGE » cliquez sur ce lien. Les Amis de MAUBEUGE

                   -   La Chapelle des Sars

    

L’ancienne chapelle des Sars, construite en front de rue à l’angle droit de la rue des Sars et de la rue de la Chapelle datait de l’époque de la construction du château de la Seigneurie de Petit Sars. Cette chapelle était assez vaste pour être desservie, à l’époque, par les chanoines du Chapitre de Sainte Aldegonde. Après la Révolution, aucun des successeurs de la Seigneurie de Petit Sars ne vinrent reprendre leurs biens et on le comprend aisément en consultant l’arbre généalogique. La chapelle, bien que fortement abîmée, fut conservée et devint la propriété de la  Ville de MAUBEUGE, en conformité à une déclaration antérieure de l’Assemblée Nationale en 1790. Il semblerait aussi qu’a l’approche des événements de la Révolution, des mains pieuses mirent à l’abri certains objets et œuvres d’art se trouvant à l’intérieur de la chapelle. 
Chapelle des Sars
Il faut attendre la fin du 19ème siècle pour que deux jeunes gens et amis, Victor MOREAU et Pierre HURBIN avec le soutien de quelques habitants du Faubourg des Sars, décident d’ouvrir une souscription pour restaurer la chapelle. Certes, la Ville de MAUBEUGE, propriétaire, aurait dû s’en charger mais aucun budget n’avait été attribué. Afin de recueillir les fonds nécessaires, ils organisèrent un concert salle RIBOT (ex café Central route de Mons). Les générosités furent rares et les spectateurs restèrent aux fenêtres pour regarder le spectacle de l’extérieur.
Les deux amis firent appel à leur fonds personnels pour la restauration et la chapelle fut inaugurée en 1876.
Restaurée, les habitants des Faubourg purent de nouveau venir prier la Vierge, Notre Dame de Miséricorde, belle vierge polychrome en bois.

         Les origines lointaines de Notre Dame de Miséricorde.

Durant le premier tiers du XIVème siècle, on trouvera les premières représentations de la Vierge abritant sous son manteau un ordre en milieu cistercien. Elles se multiplient au cours de la moitié du siècle pour se généraliser après 1400, affectant alors d’autres ordres, monastiques ou mendiants.
La Vierge, Notre Dame de Miséricorde est représentée debout, son manteau ouvert protégeant des personnages. On attribue à cette statue des dons de protection. Sa fête est célébrée le 8 septembre, jour de la Nativité de Marie.
Vierge de la chapelle du Faubourg des Sars
Nous n’avons aucun renseignement sur les origines de Notre Dame de Miséricorde de la chapelle du Faubourg des Sars. Il est possible qu’elle soit de l’origine de la construction de la chapelle car au 17ème siècle, la vénération à cette Vierge était assez répandue à cette époque.
Elle porte une couronne d’étoiles, son manteau et sa robe sont parsemés également d’étoiles.
Son manteau ouvert protège deux enfants qui prient à genoux. Un garçon et une fille seraient-ils les enfants du Faubourg des Sars demandant protection ou consolation à la Vierge suite a ces périodes de troubles où MAUBEUGE fut pillée et saccagée plus de vingt fois. ? Je vous laisse seul en juger.
Actuellement la statue de la Vierge est en mauvais état due au ruissellement d’eau provenant des fuites de la toiture lorsqu’elle se trouvait dans l’ancienne chapelle. Une importante restauration ne pourrait se faire que par un atelier spécialisé. Des retouches informatiques ont redonné à la photo de Notre Dame de Miséricorde son aspect qui probablement devait être  les teintes d’origine.

         La guerre de 1914 à 1918, ébranla de nouveau la chapelle suite aux nombreuses explosions. La cloche fut enlevée par l’envahisseur pour être fondu. Le manque d’entretien y était aussi pour quelque chose, et les fuites de toiture dégradaient l’intérieur.
En 1930, une Société d’Initiative (Les Amis de MAUBEUGE) s’était formée dans les faubourgs nord de MAUBEUGE. Elle envisagea une restauration de la chapelle aussi complète que possible. Elle intervint auprès de la Ville de MAUBEUGE, propriétaire, qui refit la toiture et remplaça les fenêtres, se servant comme financement d’un reliquat des dommages de guerre.
En 1932 les Amis de MAUBEUGE prirent en charge la réfection intérieure, le clocher et l’achat d’une nouvelle cloche. Le clocher fut réalisé par Monsieur Michel HOURIEZ, les dimensions sont carrées 0, 52 m par 0,52 m surmonté d’une toiture de 1, 80 m. La cloche fut commandée à la fonderie WAUTHY de SIN-LE-NOBLE le 8 août 1932. Son diamètre est de 200 mm, et son poids de 6 Kg. La corde qui l’actionnait faisait 6, 20 m. (cette cloche a été transférée en 1972 dans le clocher de la nouvelle chapelle du Faubourg des Sars à coté de la place Albert PAUVROS.)
L’intérieur des murs fut rejointoyé et l’autel qui tombait en ruine fut remplacé suivant un plan dessiné par Monsieur Henri BOËZ (Président des Amis de MAUBEUGE et Conservateur du Musée de MAUBEUGE).
Cette remise en état fut l’occasion d’intéressantes découvertes. Un ange en bois sculpté qui est d’époque Louis XV, une statue de la Vierge qui tient un sceptre d’argent et qui date du XVIIème siècle. Deux panneaux provenant d’un triptyque du XVème siècle. Il est probable que ces objets ont émigré vers la chapelle des Sars, lors de la dispersion des biens du Chapitre des Chanoinesses de MAUBEUGE.
Ces tableaux étaient recouverts d’une crasse épaisse et noire et les cadres rongés de moisissures. On pouvait découvrir des personnages sur les deux faces, certainement celle d’un triptyque. L’artiste Henri BOËZ entreprit minutieusement leur restauration. Il fut surpris de découvrir au fur et à mesure du nettoyage, les scènes de la Nativité et de la Présentation de Jésus au Temple retracée par le pinceau d’un artiste du XVème siècle. Sur l’autre panneau on découvrait les figures du Christ et de la Vierge entourés d’anges et des donatrices.

       Leur authenticité est acquise au premier examen car le temps y a laissé des marques profondes, le décor, les costumes des personnages sont bien du XVème siècle. Le Saint Joseph de la Présentation au Temple, le Christ portant la barbe François 1er, les bergers, la blouse du moment. La croix a encore la forme du Tau grec, les ouvertures des fenêtres sont étroites, caractéristique de l’époque immédiatement antérieure à la Renaissance.
En 1971, l’ancienne chapelle fut vidée de ses trésors en vue de sa démolition (lire le chapitre plus loin), malheureusement, les 4 tableaux qui depuis leur restauration s’étaient à nouveau dégradés et Henri BOËZ ayant quitté ce monde et n’étant plus là pour en parler, il est probable que par méconnaissance de leur valeur artistique ; ils furent vendu.

         La seconde Guerre Mondiale. Elle n’arrangea pas les choses de la chapelle mais toute fois elle subit peu de dégâts. La cloche resta dans son clocher et après la guerre les « litanies à la Vierge de Miséricorde » reprirent de nouveau ainsi que l’office au 15 août.
Sans entretien depuis sa restauration en 1932, la chapelle était devenue vétuste. Une énorme lézarde la rendait dangereuse, son clocher penchait légèrement et sa toiture laissait s’infiltrer l’eau dégradant une nouvelle fois l’intérieur ainsi que la statue de Notre Dame de Miséricorde qui en garde encore les traces.
Bien que située tout à fait à droite de l’entrée de la rue de la Chapelle, elle gênait paraît-il  quelque peu la circulation. A cet époque quelques esprits chagrins disaient suivant le vieil adage que : « lorsque l’on veut tuer son chien on prétend qu’il était enragé ».

         La nouvelle Chapelle. Elle se situe, en venant de la Route de Mons, rue des Sars à coté de la place Albert PAUVROS à environ 100 m avant l’emplacement de l’ancienne chapelle.
      La Ville de Maubeuge, propriétaire de cet édifice, entreprit sa construction. C’est l’architecte DARDENNE qui en fit les plans. Après environ un an de travaux, c’est le 16 septembre 1972 qui correspondait à la fin de la neuvaine des litanies qu’une messe fut célébrée, en présence des personnalités locales par l’abbé Paul VAILLANT, curé de la paroisse du Sacré-Cœur de MAUBEUGE et par l’archiprêtre de VALENCIENNES, l’abbé SENEZ. Le discours de bienvenue fut prononcé par Monsieur Fernand MOREAU habitant rue de la Chapelle au Faubourg des Sars.

         Souvenirs d’anciens habitants du Faubourg des Sars. Le 8 septembre, fête de la Nativité de la Vierge, donnait le départ des litanies. A 19 h 00 s’ouvraient les portes de la chapelle, la petite cloche, qu’on entendait des faubourgs voisins, tirée par sa corde, s’agitait joyeusement pour appeler jeunes gens et jeunes filles qui, chaque soir pendant 9 jours allaient chanter sur des airs anciens les litanies. Le sanctuaire était paré de fleurs et de mousselines blanches et bleues et, au péristyle du feuillage dressé devant la porte se balançaient de petits losanges de verre découpés, il y avait bien longtemps, par le « vitrier » dont la rue voisine débouchant route de Mons  a conservé son nom.
Le dimanche qui suivait la date du 8 septembre correspondait au jour de la « Ducasse du Faubourg des Sars ». Elle se déroulait à côté de la chapelle. Lorsque la cloche se mettait a sonner, les musiques des forains se mettaient en sourdine pour ne pas gêner les litanies qui débutaient des 19 h 00. A la fin de l’office, un groupe de musiciens venait jouer sur le seuil de la chapelle une « Valse à la Vierge ». Les anciens du quartier disaient que cette musique arrachait à la Madone « les larmes dans son Paradis ».

         Les litanies. Cet office à Notre Dame de Miséricorde se composait uniquement de chants. Le verset était chanté par quelques jeunes gens et l’ensemble des jeunes filles répondait. Cela explique la tonalité grave des uns et aigue des autres.
Les livres de chants avaient été retransmis de générations à générations et les spécimens qui existent de nos jours datent du 25 août 1896. Ce recueil avait pour titre : « Cantiques de la Jeunesse »  A l’exception du « Je vous salue Marie » chanté en Français, les autres chants étaient en latin. L’office débutait par : « Je vous salue Marie » puis tiré des Antiennes à la Sainte Vierge le « Salve Régina ». Venait ensuite ce qui donnait le nom à cet office : « Les Litanies de la Vierge Marie », suivi du « De profundis ». Quatre chants à la Vierge terminaient la cérémonie. A la sortie deux jeunes filles tendaient un plateau où résonnaient quelques pièces trébuchantes.

      La fin d’une belle histoire. Malheureusement dans les années 80, la nouvelle chapelle fut dégradée par des enfants un peu trop turbulents et bien que remise en état par la Ville de MAUBEUGE à la demande des habitants, ses dégradations épisodiques continuèrent. Un autre problème, lié à l’évolution des générations, fit que, comme le montre la photo,
les jeunes gens et jeunes filles du quartier avaient d’autres idées en tête que de venir prier la Sainte Vierge.
Le 8 septembre 2001, la petite cloche de la chapelle des Sars sonna pour la dernière fois, pour appeler les fidèles au « Litanies ». Cette dévotion fut pendant quelques années pratiquée à l’église du Sacré-Cœur. De nos jours, en 2014, seuls quelques anciens en ont encore le souvenir.
Si il est dit que la vie est un éternel recommencement, souhaitons qu’un jour quelques jeunes gens et jeunes filles de ce beau quartier du Faubourg des Sars, retrouvent le chemin de cette chapelle pour à nouveau faire sonner cette petite cloche et prier la Vierge de Miséricorde. Peut-être plus avec ces chants anciens mais avec de nouveaux cantiques, bien rythmés  accompagnés de guitares.

                                                                                                         Jean-Yves BOËZ
      







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